racisme ordinaire en entreprise

Publié le par katy31


Chroniques du racisme « ordinaire » en entreprise

Hier, le tribunal correctionnel de Valenciennes s'est penché sur deux affaires d'injures publiques à connotation raciale au sein du milieu professionnel.

 

La première affaire remonte à 9 juin 2006 et s'est déroulée sur un chantier à Beuvrages. Ce jour-là, Nordine, un jeune homme de 33 ans habitant Hénin-Beaumont, a subi la « colère » du chef de chantier. Après lui avoir demandé de ne pas utiliser son portable pour des raisons de sécurité et constaté que le jeune ne lui obéissait pas, le chef lui aurait lancé : «  Moi, j'attends pas après un bougnoule pour faire un chantier ! Tu peux dégager, mais tu restes comme ça, de toute façon, vous autres, vous êtes toujours sales. » Ses propos ont été confirmés par des témoins, mais hier, le chef de chantier, qui habite Raismes, les a contestés devant le président du tribunal, Daniel Delegove : «  Je ne suis pas raciste. » Depuis l'incident, le jeune homme ne travaille plus. «  Il est en arrêt maladie et en dépression », a indiqué son avocate Caroline Lenain qui a réclamé 5 000 E de préjudice moral. Une autre demande de 24 810 E correspondant aux frais maladie du jeune homme a été formulée par une autre avocate représentant la CPAM. Pour autant, le procès n'a pas vu son dénouement hier. Le président l'a renvoyé au 29 septembre. Sans doute à cause de l'avocate du chef de chantier. Fabienne Menu, qui a appuyé sa défense sur des points juridiques. Tout d'abord, sur la loi de 1881 concernant la liberté d'expression. Selon elle, il y a bien prescription dans ce dossier. De plus, s'aidant d'un jugement de la cour de cassation, elle a défait l'argument d'injures publiques : «  Dire que les propos ont été entendus par d'autres ne suffit pas à dire qu'ils étaient publics. ».

tDans l'autre dossier, un homme de 46 ans a été condamné à trois mois de prison, cinq ans de sursis et 1 000 E de dommages et intérêts pour avoir insulté entre décembre 2005 et octobre 2006 un de ses collègues de l'entreprise Delachaux à Marly. Ce dernier y travaillait depuis six ans comme électromécanicien. Âgé de 41 ans, il se prénomme Patrice, prénom qu'il a changé pour cacher ses origines maghrébines. En 2001, suite à un arrêt de travail, sa direction a reçu un courrier de la CPAM sur lequel figurait son premier prénom. Les collègues ont ainsi découvert ses origines et le calvaire a débuté. Dès 2002, Patrice a commencé à se faire insulter, surtout par l'accusé, magasinier de l'entreprise. Comme l'a indiqué Daniel Delegove , ses collègues l'ont «  mis en quarantaine ». Cela a duré quatre ans jusqu'à l'arrêt de travail, une tentative de suicide et la plainte en décembre 2006.

Si l'accusé a nié être raciste, il a qualifié par deux fois les insultes que lui et ses collègues proféraient à l'encontre de la victime comme «  des blagues ». Abdelcrim Babouri, partie civile, a indiqué qu'il n'était «  pas facile d'être français d'origine maghrébine  » et a parlé de la réalité de la présence dans le pays de la «  bête immonde ». Stéphane Dominguez, pour la défense, a rappelé qu'il n'y avait pas de preuve dans ce dossier et un seul témoignage étayant la thèse de la victime. Jérôme Marilly, le procureur de la République, a conclu : «  La discrimination rampante est toujours dure à prouver.

(source la voix du nord)

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